I.1. Histoire Ancienne
Dès le
Néolithique final (4000 av. JC), on a retrouvé des crânes ostéotomisés et cicatrisés[1], preuves que la personne a survécu à la trépanation.
Il est possible que les chamanes de l’époque cherchant à expulser le «malin» avaient
découvert que certaines trépanations pouvaient réveiller le comateux si elles ne
le tuaient pas. On retrouve cette pratique dans l’Antiquité égyptienne et jusqu’à
l’époque mérovingienne (7ème siècle). Le plus vieux document retrouvé
décrivant l’origine cérébrale de l’hémiplégie est à ce jour le Papyrus Edwin
Smith (découvert en 1862) et datant de 17 siècles avant JC[2]. En
Grèce dès le 4ème siècle avant JC, Hippocrate est convaincu que
l’épilepsie n’est pas un mal sacré et a une origine naturelle. A la même
époque, Aristote décrit les méninges et distingue cerveau et cervelet sans en comprendre
réellement le rôle. C’est Galien (Grec d’Asie Mineure, 129-201) qui décrit le
premier l’anatomie du système nerveux. Au cours de démonstrations publiques il
rend chiens ou porcs aphones en coupant les nerfs laryngés récurrents. Mais Galien
avait repris la théorie erronée des quatre humeurs et accordait un rôle de
conduction nerveuse aux ventricules. En 450, Caelius Aurelianus de Numidie (Algérie)
classe les différentes paralysies, les convulsions et distingue l’hystérie de
l’épilepsie. A la Renaissance ,
Andries Wytinck (André Vésale, 1514-1564) conteste la vision Galéniste de la
fonction des ventricules. Plus tard, l’abbé Nollet (1735) tente sans succès
l’électricité statique sur les paralysies faciales. En 1780, le médecin aux armées
Clément Joseph Tissot (1746-1826) écrit le premier ouvrage de «Gymnastique
médicinale et chirurgicale» où il conseille dans l’hémiplégie de « prévenir
la perte par des exercices actifs les plus violents : promenade forcée,
chasse, jeu de volant, mail (croquet), frictions.»[3] En
Suède Per Henrik Ling (1776-1839) crée la Sjukgymnast
(gymnastique des malades) popularisée en France sous le nom de « gymnastique
suédoise ». En 1814, Francisco Amoros, (né à Valencia en 1770) fuit l’Espagne
après la chute de Napoléon et crée plusieurs gymnases à Paris. Adepte de la
pédagogie rousseauiste de Pestalozzi, il associe la gymnastique élémentaire
héritée de Pehr Henrik Ling aux exercices d’application aux agrès. En 1847,
Napoléon Laisné, disciple d’Amoros et fondateur du futur « bataillon de
Joinville » introduit la gymnastique à l’hôpital des enfants malades. Parallèlement
en France se développe « l’orthopédie »[4] (l’enfant
droit) qui dispose d’une théorie et devient une discipline »[5] .
Des établissements de soins se constituent à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux dans
les années 1820. Au
19ème siècle c’est l’explosion de la vision positiviste du cerveau: Pierre
Flourens (1794-1867), le père des Neurosciences, avec ses expériences sur la
localisation des aires sur le cerveau de lapin, combat la vision phrénologique
de Frantz Gall. Mais sa théorie du cerveau qui fonctionne comme un tout se
trouve invalidée par Broca (1824-1880)
et Wernicke (1848-1905). A Bonn, Christian Bischoff (1781-1861), en France,
Duchenne de Boulogne (1806-1875) et bien sûr Jean Martin Charcot (1825-1893)
décrivent précisément de nombreuses maladies neurologiques sans toutefois que
cela fasse avancer la rééducation. Le terme de kinésithérapie apparaît pour la
première fois en 1847 (Georgii, 1847) et en 1900, la Société de Kinésithérapie
est créée (Ne peut être exercée que par des personnes ayant obtenu le diplôme
de docteur en médecine). En France la première école d’infirmières est créée en
1900 à Talence (Gironde) sur le modèle du « Nightingale Training School »
(créée à Londres en 1860). Ces écoles serviront de base pour la formation
d’infirmières officiant dans les centres de rééducation créés pendant la guerre
de 14-18. Avec un million cent mille « invalides », « la mécanothérapie »
correspond à la volonté d’adapter la thérapeutique au plus grand nombre». [6]
I.
2. Les méthodes globales fondatrices de la rééducation en neurologie.
Dès la fin des années trente,
certains précurseurs, s’appuyant sur le développement psychomoteur de l’enfant,
ont commencé à sortir de la mécanothérapie pour une approche plus fonctionnelle
de la kinésithérapie dans les lésions neurologiques.
I.
2.1 Kenny
et Kabat.
En 1937, une infirmière non
accréditée, Elizabeth Kenny (1886-1952) publie en Australie, un ouvrage de
rééducation des enfants IMC.[7] En 1940,
elle vient travailler aux USA à Minneapolis au moment des grandes épidémies de
polio. Elle préconise des bains chauds, des massages, de la mobilisation
passive. Elle bannit les corsets et encourage les mouvements actifs. Elle
devient célèbre à travers un film : « Sister Kenny ».
Dans les années 40, Herman Kabat
médecin physique américain, reprend les travaux d’Elizabeth Kenny et les
« Physical Therapists » du centre de Vallejo en Californie, Margareth
Knott et Dorothy Voss créent la Proprioceptive Neuromuscular
Facilitation (PNF).[8] Beaucoup de
kinésithérapeutes français réduisent la méthode Kabat aux diagonales. Il est vrai
que la traduction française[9] consacre
la quasi-totalité de l’ouvrage aux diagonales alors que les soixante pages
consacrées aux étapes du redressement dans l’ouvrage original de Knott et Voss
sont résumées en huit pages.
I.
2.2 Brunnstrom
et Bobath.
Signe Brunnstrom est
une physiothérapeute diplômée en Suède en 1919. Emigrée aux Etats Unis en 1928,
elle enseigna à New York et Athènes[10].
Elle est traduite en français par Sultana[11]. Comme
la voie pyramidale est classiquement nommée voie de la «motricité volontaire»,
elle essaie de solliciter les voies réflexes en déclenchant des syncinésies ou
des réflexes toniques symétriques et asymétriques du cou (position de l’escrimeur)
pour essayer de les faire évoluer vers des mouvements plus organisés.
Bertha Bobath née
Busse est professeur de gymnastique en Allemagne dans l'entre-deux guerres.
Expatriée en Angleterre à cause de l’antisémitisme, elle y retrouve Karel
Bobath immigré comme elle. Ils se marient en 41 au moment où elle entreprend
des études de physiothérapeute. Elle se lance alors dans la rééducation des
hémiplégiques[12] et des enfants avec paralysie
cérébrale. Il y a trois parties dans sa méthode : l’inhibition de la
spasticité, l’examen de qualité du mouvement et le recueil des réactions
d’équilibre et de protection à la chute. La musculation était fustigée par ses
adeptes car elle était censée augmenter la spasticité :
« Il faut
donc proscrire de manière ferme et définitive tous les exercices de
musculation (…) laisser les haltères et la bicyclette ergonomique. C’est
le triste recours du kinésithérapeute débordé (…) L’attitude ambigüe de certains
kinésithérapeutes, non rompus aux méthodes neuromusculaires doit être stigmatisée »
[13]
L’aspect «thérapeutique» de la méthode
à travers la guidance manuelle et les postures d'inhibition, est devenu très
populaire: on voulait restaurer le mouvement de qualité caché sous la spasticité.
On pensait qu’en inhibant la spasticité des antagonistes on verrait apparaitre
la motricité des agonistes. La spasticité était ennemie publique N° 1 et on culpabilisait
le patient sur le "bien bouger". On assimilait la « déficience »
à un défaut contre lequel il fallait lutter ! (Mais
il faudra attendre la fin des années 70 pour que la déficience soit clairement
identifiée).[14] Ce discours a repris de
la vigueur de nos jours avec l’utilisation du botox. On peut dire que se développe
maintenant un « néo-Bobathisme botoxien » qui, prétendant améliorer
la fonction lutte en fait contre le symptôme. Malheureusement, on a
actuellement tendance à réduire Bobath à l’«inhibition de la spasticité»,
oubliant le fantastique recueil de mouvements fonctionnels et de « tâches orientées »
posturales que la méthode enseignait. La méthode Bobath s’appuyant sur le développement
psychomoteur de l’enfant, certains kinésithérapeutes dogmatiques interdisaient
même de marcher avant d'avoir passé les étapes précédentes pour ne pas prendre
de « mauvaises habitudes ». La fin du 20ème siècle a vu le
microcosme « neurokiné » s’opposer dans des guerres picrocholines entre
ceux qui utilisaient la motricité résiduelle (Brunstromm) et ceux qui
inhibaient la spasticité (Bobath). Ces débats laissaient croire que la
kinésithérapie facilite la « récupération » alors que c'est la lésion
qui détermine l’étendue des déficiences. (On analysera plus bas toute
l’ambiguïté du terme « récupération »). Albert, kinésithérapeute non voyant
visionnaire avait tenté un syncrétisme Brunnstrom-Kabat-Bobath et avait décrit
un déterminisme lésionnel en classant les récupérations neuronales en trois :
atteinte profonde, intermédiaire et fruste.[15]Il
recommandait également « le renforcement quantitatif » de certains
muscles comme deltoïde et biceps et recommandait même la prise en crochet pour
porter les valises. Bobath est allée chercher dans le développement psychomoteur
de l’enfant un modèle de reconstruction de la biomécanique humaine auquel se
réfère plus ou moins la communauté des kinésithérapeutes rééducateurs « neuro ».
Elle a également écrit une méthode de rééducation des enfants IMC.[16].
I.
2.3 Les
rééducations des enfants « IMC » (P.C. Paralysie Cérébrale)
Le développement psychomoteur de
l’enfant servait d’inspiration aux méthodes globales. Dès la création des méthodes
globales, il y eut des tentatives plus ou moins naïves ou dogmatiques d’appliquer
aux adultes les rééducations neuro enfant. C’est pourquoi, il nous parait
important de détailler maintenant les différentes rééducations des enfants IMC.
Le Patterning est une technique
de surstimulation développée par Glen Doman, un kinésithérapeute américain disciple
de Temple Fay. [17]Cette méthode, apparue en
France au début des années 80, s’est développée auprès des familles d’enfants
IMC. Malgré certaines outrances béhavioristes, elle a été une des premières
méthodes à soutenir que le réentrainement à l’effort ne renforçait pas la
spasticité. Mais c’était surtout une réponse américaine à un modèle social de la Santé qui nous est étranger
ou qui nous paraît pour le moins étrange. La seule solution pour un Américain
non assuré de financer ses soins, c’était de faire un procès qui prouvera que
les soins n’ont pas été prodigués convenablement. Les kinésithérapeutes américains
paralysés par la peur du procès ne faisaient travailler les enfants IMC que
couchés ou assis. Les enfants IMC élevés en jardin d’enfants faisaient plus de
progrès que les enfants suivis par des «Physical Therapists»[18] .
Doman pour ne pas risquer de procès, se contente de vendre ses bilans et fait
faire la rééducation intensive par les parents qui recrutent eux-mêmes un
réseau de voisins. Si un accident survient, les parents ne se font pas un
procès.
En France, depuis les années 70,
sous l’impulsion de Lemetayer, l’« Institut de Motricité Cérébrale »
développe avec l’APETREIMC l’enseignement des Niveaux d’Evolution Motrice (NEM)
à travers une formation spéciale pour les kinésithérapeutes. Les NEM ont 52
items, chacun représentant une séquence du développement psychomoteur de
l’enfant. [19]. En 1988, le Gross Motor
88 porte le nombre de séquences du développement psychomoteur à 88 et il est
validé. [20] Mais surtout, l’évaluation
du mouvement est ramenée à 4 niveaux: «zéro, ébauche, partiellement,
totalement» alors que l’échelle Lemetayer avec 5 niveaux de cotation paraît
moins fiable.
I.
2.4. Début
des rééducations «cognitives»
A partir des années quatre-vingt, le neuropsychiatre
Carlo Perfetti, développe en Italie
une méthode popularisée sous le nom d’« exercices thérapeutiques cognitifs».[21]
Perfetti attache énormément d'importance à l'action du thérapeute dans la
récupération "qui est interprétée comme étroitement liée à l'activation
d'une série de processus cognitifs conditionnant la qualité de la récupération"
(Perfetti, 2001). Mais lorsque le patient ne peut mouvoir sa main, c’est le
kinésithérapeute qui la soutient et l’oriente sur des surfaces différentes que le
patient doit reconnaitre, comme si le schème afférentiel était séparé du schème
efférentiel et les muscles fixateurs et directeurs séparés de l’intention. Tout
comme Bobath, Perfetti n'attache aucune importance à l'intensité du mouvement,
tout est basé sur la qualité. Mais contrairement à Bobath, Perfetti occulte la
main d’appui et le pied d’appui et consacre l’essentiel de ses exercices au développement
de la chaîne ouverte. Si Perfetti a introduit la dimension cognitive dans le discours
de la rééducation motrice, il l’a fait de façon artificielle, à travers une
pratique coupée de l’application fonctionnelle et des transferts d’acquis qui
commençaient pourtant à émerger à cette époque.
Avec le développement de l’IRM,
les sciences cognitives prennent un nouvel essor mais il est nécessaire que les
cliniciens continuent d’apporter leurs expériences car la réalité clinique reste
souvent surprenante par rapport à la réalité IRM.
I.
3. Evolution récente de la rééducation neurologique
I.3.1 Mesure de la rééducation
En 1998, Eric Viel publie l’ouvrage
fondateur en France du diagnostic kinésithérapique et de la kinésithérapie basée
sur des preuves.[22]. Il explique aux kinésithérapeutes
la classification du Handicap de Wood adoptée en France dix ans plus tôt. On
sépare et on mesure les différentes tâches de la rééducation : mesure articulaire,
mesure du renforcement segmentaire, score de l’éducation posturale. Si la marche
reste évaluée qualitativement, elle doit aussi être quantifiée à travers le
nombre de pas et la vitesse. Le
kinésithérapeute note le Relaté, l’Observé, le Mesuré et le Planifié :
ROMP). L’absence de référence à la notion de répétition constituait le point
faible des méthodes globales car on l’a déjà dit : la répétition est qualifiée
de « loi universelle de l’apprentissage » (Newell & Rosenbloom,
1981)[23].
Partant de ce constat, des kinésithérapeutes américains explorent les voies de
l’apprentissage moteur, «motor learning» (Shumway, Cook, & Woolacott, 1995)[24] et
des kinésithérapeutes australiennes dégagent le concept de « tâche orientée »
(Carr & Sheperd, 2000)[25] L’exercice
est orienté sur la tâche à accomplir et
il doit être répété jusqu’à automatisation. En France, un article passe en revue
les nouvelles méthodes, (Robertson & Régnaux, 2005) et souligne que « la
manière dont une technique est appliquée peut avoir un effet sur l’amélioration
des performances des sujets plutôt que la technique elle-même ». Peu
après, un autre article prolonge le précédent et évoque la nécessité de faire
évoluer la séance individuelle vers des séances par atelier afin de favoriser
l’apprentissage par répétition (Peltier, 2006)[26]. A
la même époque nous publions un article dans lequel nous donnons des objectifs
chiffrés critériés aux personnes cérébrolésées: «La mesure faite lors du début
de la rééducation sert à objectiver le progrès, la stagnation ou la régression.
La personne pourra donc vérifier l’efficacité de l’effort produit» (Laurent et
al., 2007).[27] «La kinésithérapie par
objectif consiste à déterminer, dès les premiers contacts, les critères qui signaleront
la fin du traitement» (Viel, 1998). Les objectifs critériés permettent d’améliorer
les performances par l’effet Pygmalion (Rosenthal, 1968)[28] et
la connaissance du résultat (CR) « condition sine qua non de l’apprentissage
moteur» (Annett & Kay, 1957).[29]
En
2010, parait en anglais une thèse hollandaise sur la physiothérapie basée sur
des preuves avec les personnes ayant subi un AVC (Van Peppen, 2008)[30] qui
préfigure par son exhaustivité le texte des recommandations de la HAS de 2012.[31]
Le texte de recommandations de la HAS rappelle qu’il y a «deux approches différentes de la rééducation
motrice des personnes victimes d’AVC : l’approche restauratrice et l’approche
compensatoire. Ces deux approches ne s’excluent pas l’une l’autre. Chacune de
ces manières d’envisager la rééducation motrice est à l’origine de méthodes ou
de concepts différents. Les programmes de rééducation produisent
vraisemblablement de meilleurs résultats s’ils sont organisés suivant les
principes de l’apprentissage moteur. Spécificité des tâches pratiques avec des
objectifs définis, rétrocontrôle et motivation sont considérés comme des points
importants de l’apprentissage moteur» (HAS, 2012).
62 % des kinésithérapeutes
interrogés disent être dans l’approche compensatoire[32].
Ils pensent que le patient est obligé de compenser pour effectuer un
mouvement et qu’il est fondamental de l'encourager dès le début à bouger les
segments déficitaires comme il peut (modèle de la santé global et théorie
d’apprentissage plutôt constructiviste). Néanmoins, si l’on pose des
questions précises sur la correction de la marche on s’aperçoit que plus de
60% des kinésithérapeutes ne sont pas dans une approche compensatoire.(Tableau
ci-dessous).[33]
|
Tableau extrait Mémoire Master 2 Universit paul
Valéry Motpellier 2014. Francis
Laurent
I.3.2 EBP. La pratique basée sur des preuves
A partir des années 2000, la kinésithérapie cherche à établir
l’efficacité ou l’inefficacité des techniques de rééducation à travers l’ « Evidence
Based Practice » (EBP ), la Pratique basée sur des preuves. Il est fondamental
que la kinésithérapie cherche à se couper des pratiques ésotériques et dogmatiques
qui ont parfois participé à sa fondation. Mais il est tout aussi fondamental de
reconnaitre et de mesurer les facteurs subjectifs dont Bruno Falissard[34]
rappelle qu’ils sont les facteurs liés au sujet[35]. Dans une conférence à l’ICEPS Montpellier en
2013 il rappelait : « La méthodologie la plus simple est l’essai randomisé
pour répondre à une question thérapeutique
simple : est-ce que A est plus efficace que B. Sauf que la plupart des
questions thérapeutiques ne sont pas simples : a fortiori dans les thérapeutiques non médicamenteuses. »
Or il semble que la kinésithérapie privilégie les études
randomisées en « double aveugle ». En effet à partir du moment
ou patients et kinésithérapeutes ignorent les objectifs du traitement, l’étude
est alors labellisée « double aveugle ».
Comme si le kiné qui suspend un patient hémiplégique sur un
tapis roulant et le patient hémiplégique
ainsi harnaché pouvaient ignorer que la manœuvre avait pour but d’améliorer la
marche. Personne n’est dupe, pourquoi alors faire comme si ?
Par ailleurs, il faut que l’évaluateur soit neutre et n’ait
pas participé au traitement.
Mais qu’est-ce qu’une évaluation objective de la mobilité
articulaire de l’épaule parétique spastique? on arrête le mouvement dès la
première douleur ? après échauffement, sans échauffement ? avec
contracté relâché sans ? La meilleure fiabilité n’est-elle pas dans ce
cas, la fiabilité intra opérateur ? Le kiné note le meilleur résultat
obtenu en séance toujours dans les mêmes conditions par le patient qui connait
son testeur et qui a confiance ?
A l’exception de la rééducation neurologique, toutes les
rééducations utilisent un patrimoine neuronal intègre. On pourra donc plus facilement
mesurer la validité d’un exercice dans les déficiences n’affectant qu’une ou
deux articulations, entorse, fractures, lombalgie, cervicalgie, tendinites
d’épaule, coude etc… Mais qu’en est-il dans l’hémiplégie, l’ataxie, les syndromes
extrapyramidaux quand la moitié ou la totalité des articulations sont affectées
par une lésion neurologique centrale spécifique
au patient ?
Tous les kinésithérapeutes répètent qu’il n’y a pas deux
hémiplégiques semblables. Comment le seraient-ils ? Sur le million de Neurones
que compte la voie pyramidale, combien en reste-t-il après l’AVC ? Sur les
350 000 neurones que comptent le plexus brachial combien en restent-ils
pour lever le bras ?[36].
-
Peut-on lever son bras à 100% 90, 80, 70, 60,
50, 40, 30, 20, 10%, 0% de l’amplitude antérieure ?
-
Peut-il lever son bras avec 90, 80, 70, 60, 50,
40, 30, 20, 10%, 0% de ses unités motrices ?
Les 9/10 du plexus brachial sont des nerfs afférents. Quels
renseignements vont-ils apporter ?
-
Chaque articulation est-elle douloureuse à 1, 2,
3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 à l’EVA ?
-
A-t-il une spasticité légère, modérée, sévère ?
Est-il flasque ?
-
Comment est sa sensibilité superficielle :
parfaite, légèrement perturbée, sévèrement perturbée, absente ?
-
Idem pour la sensibilité profonde.
Et ceci ne concernait que l’élévation du bras. Il faut
ensuite répéter ces 6 examens afféro-efférentiels
sur cinq autres segments : coude, pro-supination,
poignet, l’ouverture-fermeture des doigts et 4 oppositions pouce-2,3,4,5.
Et il faut rajouter la hanche, le genou, la cheville, la
sous-talienne, les orteils.
On va donc se retrouver avec 11 segments à évaluer à travers
6 épreuves chacune cotée au moins sur 4 niveaux : soit plus de
17 000 000 arrangements possibles.
Mais ce qui fait la différence en neuro-centrale c’est le niveau
cognitif des patients qui évolue parfois de façon latente : compréhension exécution
des consignes, fonctions exécutives et enfin et surtout le niveau de dépression
du patient. Comment dans ce contexte
constituer des cohortes homogènes pour
comparer l’efficacité des exercices rééducatifs ?
Pour les traitements non médicamenteux, le professeur Falissard recommande
de faire des études qualitatives anthropologiques: chercher à savoir comment le
soin interfère dans sa vie. « Il n’y a que des approches qualitatives sur
des petits nombres de sujets qui vont permettre de répondre à ces
questions »
A l’opposé il pense que
ce sont de grandes études de cohortes menées par les assurances sociales qui
permettront également de dégager des éléments de preuves sur l’efficacité ou la
nocivité de telle ou telle attitudes dans telle affection.
-
Rechercher l’ensembles des capacités de déplacements
et chercher à les améliorer
-
Rechercher l’ensemble des capacités posturales
pour chercher à les préserver voire en découvrir de nouvelles.
-
Chercher à renforcer la motricité des segments
déficitaires
-
Rechercher l’ensemble des déficits articulaires
pour essayer de retrouver la plus grande amplitude possible aux mouvements
diminués.
Ensuite il faut établir également
le profil psycho-pédagogique du patient pour adapter la méthode à ses désirs et
tailler un programme sur mesure. (voir plus bas : II.2.1. Facteurs influençant
l’état des patients après un traitement).
Pour cela il est important que
les praticiens lisent et se ressourcent périodiquement dans des congrès
scientifiques. Mais il est tout aussi important que les chercheurs écoutent et
lisent aussi les praticiens.
[1]
Dastugue,
J., & Gervais, V. (1992). Paléopathologie du squelette humain. L'Homme
et ses origines.
[2]
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les difformités du corps. Paris: Vv Alix.
[6]
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au début du XXe siècle: une spécialité médicale impossible: genèse, acteurs et
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Restoration of Function. Angus & Robertson.
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par É. Viel... 2e édition. Masson et Cie.
[11]
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des hémiplégiques et des traumatisés crâniens. Masson.
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manual of classification relating to the consequences of disease, published
in accordance with resolution WHA29. 35 of the Twenty-ninth World Health
Assembly, May 1976.
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57-57). Paris, Masson, 1974-c2001..
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